Je suis un enfant trouvé.
Mais, jusqu’à huit ans, j’ai cru que, comme
tous les autres enfants, j’avais une mère, car,
lorsque je pleurais, il y avait une femme qui me
serrait si doucement dans ses bras en me berçant,
que mes larmes s’arrêtaient de couler.
Jamais je ne me couchais dans mon lit sans
qu’une femme vint m’embrasser, et, quand le
vent de décembre collait la neige contre les vitres
blanchies, elle me prenait les pieds entre ses deux
mains et elle restait à me les réchauffer en me
chantant une chanson, dont je retrouve encore
dans ma mémoire l’air et quelques paroles.