En 1956, la IVe République française se noyait dans le maximum
d’impuissance où s’enlisait depuis les années trente le régime établi en
1875. Dans deux articles du Monde, je décrivais d’abord « le véritable
système parlementaire » que les deux grands partis britanniques avaient
établi depuis 1945 en ajoutant une rigoureuse discipline de vote au
scrutin majoritaire à tour unique qui rétablit leur duopole après chaque
crise le perturbant. Par cette conjonction, en choisissant leurs députés,
les citoyens élisent pratiquement le Premier ministre, leader de la majorité
victorieuse, dont la docilité et la stabilité sont assurées. S’il est
démis par un vote de défiance, il dissout la Chambre et perd en même
temps le pouvoir. Après avoir réduit le monarque héréditaire à une fonction
symbolique, le Parlement de Londres a dû s’incliner ainsi devant
un puissant monarque élu : le chef du gouvernement 2
.