Très puissant à Washington et Paris, le président élu au suffrage universel
l’est moins à Helsinki et Lisbonne, et pas du tout à Reykjavik,
Vienne et Dublin. Les présidents élus par des assemblées parlementaires
sont faibles, plus ou moins suivant les pays. Le roi d’Espagne dispose à
Madrid d’une autorité beaucoup plus grande que les leurs, malgré sa
légitimité de naissance. L’analyse comparative des chefs d’État mérite
probablement d’être rénovée. Le besoin de renforcer les identités nationales
parallèlement au développement de l’intégration communautaire
conduit à moins oublier que la souveraineté héréditaire a été leur premier
facteur essentiel, qui les a développées dans un monde féodal, et
que la souveraineté parlementaire a été leur second facteur, dans le
cadre d’un suffrage restreint, avant que puisse être établie la souveraineté
populaire fondée sur le suffrage universel. Les pays qui ont connu
les trois ne devraient en effacer aucune de leur histoire